• Soif d'Amour

     

    Pour John Pridmore, tout commence normalement. Il vit une enfance ordinaire et heureuse jusqu’à sa Ile année. Un soir pourtant, ses parents lui demandent de choisir avec lequel des deux il veut vivre. « En regardant en arrière, dit-il aujourd’hui, je pense avoir inconsciemment pris la décision de ne plus jamais aimer. Pour ne pas être blessé comme je l’ai été ce soir-là. »

     

    Bagarres à l’école, 3 mois de détention dans un centre pour mineurs à 15 ans, la violence et les plaisirs ont progressivement remplacé l’amour : « J’avais 27 ans, beaucoup d’argent (8 000 e par semaine ! ), une liste sans fin de femmes qui m’attendaient et une réputation de gros dur. Malgré tout, je me rendais compte que je n’avais jamais été heureux. J’avais tout et pourtant, je n’avais rien. »

     

    Aux yeux de notre monde, sa vie brille ; dans son cœur, c’est un échec. Un soir, déprimé, il entend ce qu’il appelle « une voix qui me rappelait les pires actions que j’avais commises. » Et lui qui aussitôt pense que le diable vient le chercher pour le conduire avec lui en enfer, lance comme un réflexe en s’agenouillant : « Donne-moi une autre chance ! » Et il sent alors que Dieu existe et qu’Il l’aime. Après sa première confession où il comprend que Dieu lui a pardonné, il lui faut lutter pour couper ses anciennes attaches avec le monde du crime, ses habitudes de violence et d’errances sexuelles.

     

    Et il conclut : « Pendant 27 ans, ma Sainte-Trinité, c’était moi-même (...) Vingt-sept ans sans Dieu, c’est pire que la peine de mort. » Bien d’autres que lui, sans suivre un itinéraire aussi tragique, ont un jour dressé le même bilan.

     

    Sans doute, dans notre monde, « un obstacle au bonheur, c’est de s’attendre à trop de bonheur » comme le dit Fontenelle, c’est-à-dire un bonheur parfait que ce monde ne peut offrir. Sans doute aussi, notre difficulté, vient -elle souvent d’un malentendu. « On se fait du bonheur une idée passive : il arrive, il est enlevé, comme le veulent le hasard ou la nécessité (...) Il est capital de prendre conscience que la recherche du bonheur prend nécessairement la figure d’un combat (...) Pour les disciples du Christ, le bonheur est une bénédiction, bien sûr, mais aussi un fruit de la liberté humaine. » (Cardinal Lustiger)

     

    Aidons-nous mutuellement et éclairons les jeunes, comme le fait désormais John Pridmore, à ne pas être leurrés par des plaisirs qui, recherchés pour eux-mêmes et comme une fin en soi, ne sauraient donner plus qu’ils ne promettent. « Mon cœur est sans repos, Seigneur, tant qu’il ne repose en Toi. » (St Augustin)

     

    Et pour eux comme pour nous, la recherche du bonheur ne sera pas vaine.

    Père François RINEAU,osv+